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mardi 21 décembre 2010

Enzo Bearzot, la disparition d'un géant

Une légende du football italien est partie ce matin. Sélectionneur champion du Monde en 1982, Enzo Bearzot est décédé à Milan à l'âge de 83 ans. Avec 104 matches sur le banc de la Nazionale, Il Vecjo détient le record absolu devant le non moins légendaire Vittorio Pozzo. Honnête arrière central qui porta les couleurs de Catane, l'Inter et surtout le Torino, Bearzot était adulé par toute la Botte. Cette nouvelle tragique nous permet de revenir sur le Mondial espagnol où Gli Azzurri remportèrent leur 3ème étoile mondiale.

Dans le groupe 1, l'Italie est confrontée à la Pologne, le Pérou et le Cameroun dont c'était la première participation. Au cours de ce premier tour, la Nazionale demeure invaincu mais ne remporte pas un seul match. D'emblée, les coéquipiers de Dino Zoff affrontèrent les Polonais, une des équipes les plus redoutables du moment avec ses attaquants Boniek et Lato notamment. En réalisant un match nul et vierge, les Italiens ne perdirent pas de terrain dans l'optique d'une qualification pour le deuxième tour, d'autant plus que Camerounais et Péruviens ne purent se départager (0-0). [Fiche technique: http://fr.fifa.com/worldcup/archive/edition=59/results/matches/match=995/report .html]
Si, théoriquement, les 2 matches suivants devaient se résumer à une promenade de santé, il en fut tout autrement. En premier lieu, Gli Azzurri, après avoir ouvert la marque par Conti et mené pendant plus d'une heure, les Péruviens revinrent au score en fin de match par Diaz.
Malgré cette contre-performance, les 4 équipes restèrent ex aequo puisque le Pologne/Cameroun s'acheva sur un match nul (0-0). Mieux, les hommes de Bearzot étaient en tête avant l'ultime rencontre du groupe face au Cameroun.
Finalement, la Squadra Azzurra finit 2ème. En effet, tandis qu'elle était tenue en échec par le Cameroun (1-1), la Pologne, au terme d'une 2ème mi-temps de feu, explosa le Pérou (5-1).
[Fiche technique: http://fr.fifa.com/worldcup/archive/edition=59/results/matches/match=828/report.htmlGrâce] à ses 2 buts inscrits contre 1 seul pour les Lions Indomptables, l'Italie parvint non sans mal à la seconde phase de groupe.

Lors de cette deuxième phase, l'Italie tomba dans un groupe de tueurs, avec l'Argentine, tenante du titre, et le Brésil de Telê Santana, une des plus belles équipes de l'Histoire. Et autant dire qu'avec un Paolo Rossi inefficace et réintégré en sélection grâce à un aménagement de sa suspension dans le scandale du Totonero, la mission semblait quasiment impossible pour accéder en demi-finale.

Le 29 juin 1982, à l'Estadi de Sarria de Barcelone, l'Italie sortit les griffes et s'offrit une première victoire dans la compétition face aux Albicelestes. Tardelli (57') puis Cabrini (67') offrirent un avantage décisif aux Azzurri avant que Passarella, d'un coup franc lointain, ne réduisit l'écart à la 83ème minute. Cette défaite signifiait l'élimination probable des champions du Monde 1978.

Après la victoire du Brésil face à l'Argentine (2-1), le dernier match de cette poule de la mort s'apparentait à un véritable quart de finale. Face aux favoris de la compétition, Paolo Rossi réalisa le match parfait. Dès la 5ème minute, à la réception d'un centre parfait de Cabrini, il catapulta le cuir au fond des filets de Waldir Perez. A l'égalisation de Socrates à la 12ème minute qui parvint à glisser le ballon dans un trou de souris, Rossi répliqua à la 25ème minute, exploitant à merveille une erreur d'inattention de l'arrière-garde auriverde. En seconde période, ce fut au tour des Italiens de commettre une énorme erreur de défense, laissant Falcao décocher à son aise une frappe en pleine lucarne à l'entrée de la surface de réparation (68'). Mais il était écrit que ce match fut celui du Juventino. A la suite d'un corner mal dégagé par les Brésilien, Tardelli prit sa chance des 16 mètres 50. Sa tentative, trop molle, fut prolongée par l'opportuniste Rossi qui donna ainsi un avantage définitif aux siens à un quart d'heure du terme.

En demi-finale, Gli Azzurri retrouvèrent la Pologne. Au Camp Nou, Paolo Rossi continua sur sa lancée, inarrêtable. Tout d'abord, il reprit victorieusement de la testa un coup franc d'Antognoni à la 22ème minute. Malgré les tentatives de Ciolek, Kupcewicz et Buncol, la Nazionale assit son succès grâce à un contre-éclair mené par Altobelli. Celui-ci décala Bruno Conti sur sa gauche qui déposa littéralement son centre sur la tête de Rossi, seul au second poteau (73').

Enfin, en finale, les hommes de Bearzot affrontèrent les redoutables Allemands de l'Ouest, sortis vainqueurs d'un match épiques face à la France à Séville. La première mi-temps fut marquée par l'obtention d'un penalty pour la Squadra Azzurra. Sur un centre d'Altobelli, Briegel plaqua Bruno Conti dans la surface de réparation. Néanmoins, Cabrini rata complètement sa frappe et tira à côté.
Lors du deuxième acte, la Nazionale réalisa une dernière demie-heure impeccable. A 30 mètres des bois d'Harald Schumacher, Tardelli (regardez son geste du menton sur la vidéo; il est de ces joueurs qui comprennent tout avant les autres) joua rapidement un coup franc accordé pour une faute sur Oriali. Sur le côté droit, Gentile, dont une des images marquantes du Mondial restera l'arrachage du maillot de Socrates, centra en direction de Conti au 1er poteau. Si le ballon passa entre ses jambes, Rossi -évidemment- de gâcha pas l'offrande et offrit un premier avantage à son équipe (57'). Puis, à la 69ème minute, Scirea emmena un contre avec Conti et Altobelli. Conti repiqua dans l'axe, laissa le cuir à Rossi. Le Bianconero redonna le ballon à Scirea sur le côté droit de la surface de réparation. Celui-ci talonna pour Bepe Bergomi qui lui repassa. Scirea temporisa, leva la tête pour alerter Tardelli dont la frappe du gauche laissa le portier allemand impuissant bien que l'Italien glissât au moment de tirer. Sa célébration ne fut pas s'en rappeler celle de Giresse en demie-finale face à cette même RFA quelques jours auparavant...
Pour parapher cette nouvelle victoire en Coupe du Monde, Altobelli humilia définitivement la Nationalmannschaft après un débordement de Conti, décidément omniprésent lors de cette finale (81'). La réduction de l'écart de Breitner ne fut qu'anecdotique (83').

Ainsi, 44 ans après le dernier titre mondial, l'Italie retrouvait les sommets du calcio planétaire. Après une entrée en matière plus que poussive, la Nazionale se révéla lors des matches couperets. Bien que certains affirmèrent pas la suite que ce titre fut obtenu de manière heureuse, dans la mesure où les Azzurri ne se qualifièrent pas à l'Euro 1984 et furent éliminés en huitièmes de finale par la France en 1986, cette victoire en Espagne n'en demeure pas moins un authentique exploit quand on regarde attentivement le tableau de chasse des hommes de Bearzot.

Ce soir, l'hommage est unanime en Italie. Enzo Bearzot était un homme extrêmement respecté et apprécié non seulement par le milieu du football mais aussi par tous les Italiens. Et l'on se remémore les paroles de Gaetano Scirea, champion du Monde 1982 et ancien entraîneur adjoint de la Juventus disparu tragiquement dans un accident d'avion en 1989: "J'ai "volé" quelque chose à chaque entraîneur que j'ai eu. De Parola, j'ai pris la capacité de responsabiliser les jeunes; de Trapattoni, la façon de conserver un vestiaire uni; de Marchesi, la sérénité. Et de Bearzot, cette extraordinaire humanité qui est la base de chaque succès".

Francesco della Nuejouls

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